Alcool et adolescence: un mauvais cocktail pour le cerveau

Mickael Naassila, à l’Université de Picardie, dirige le groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances.

Michael Naassila, Brain Forum, oct 2012

D’abord, identifier c’est quoi l’adolescence. C’est quoi pour l’homme, pour un rat? Un tas de bouleversements hormonaux, physiologiques, comportementaux. C’est un moment où on a tendance à prendre des risques et notamment à expérimenter des drogues. C’est aussi un moment de forte interaction sociale avec ses pairs. On est aussi peu enclins à planifier, à juger de la conséquence des actes.

La maturation se produit de l’arrière vers l’avant du cerveau.

Durant l’adolescence, le volume du cerveau change, les connexions aussi. Il y a aussi un éagage synaptique: on affine la circuiterie du cerveau, on fonctionne à l’éergie et on ne conserve que ce qui est utile au fonctionnement cérébral.

En France, 60% des scolaires français au sortir du primaire ont déjà expérimenté l’alcool! A la fin du collège, 40% ont déjà expérimenté l’ivresse!

A 17 ans, 10% ont connu une ivresse répétée (10 par ans), 25% une ivresse régulière (3 par ans)!

Sans parler du binge drinking

L’expérimentation animale est plus difficile, concernant l’alcool, comparé à la consommation de cocaïne.

L’adolescent animal est moins sensible aux effets hypnotiques que l’adulte après consommation d’alcool. En revanche, les capacités de mémorisation, par exemple de trajets, sont plus sensibles chez les adolescents que chez les adultes. Chez les jeunes buveurs, on observe une réduction du volume de l’hippocampe.

Alors qu’observe-ton? Et bien que le délai de réponse synaptique augmente chez l’individu qui a consommé de l’alcool, jusqu’à 48h après la consommation (2 x 3g / kg). L’alcool touche la plasticité à long terme: l’alcool laisse des traces dans le cerveau.

Autre expérience: (g/kg toutes les 8h pendant 4j. Cela induit 2 à 3x fois plus de mortalité neuronale.

Autre effet: l’absorption d’alcool empêche la neurogénèse, la production de nouveaux neurones.

On a deux fois plus de chance de devenir alcoolodépendant si on a été exposé à l’alcool dans l’adolescence: expérience menée sur des rats adolescents, 8 fortes administrations d’alcool. On observe alors qu’à l’âge adulte, le rat exposé à l’alcool à l’adolescence recherche les biberons alcoolisés de préférence.

Les animaux adultes exposés à l’alcool à l’adolescence sont également moins sensibles aux moyens de développe rune aversion à l’alcool.

Autre expérience, on demande à un rat d’actionner 3 fois une pédale pour accéder à l’alcool: on constate que le rat va travailler plus pour obtenir de l’alcool. Si on lui demande de travailler plus, il le fait. Mais il ne le fera pas, par exemple, pour le sucre.

Conclusion. A l’adolescence, on est moins sensible à certains effets de l’alcool, mais les impacts sur le cerveau sont bien là, et durables.  Et il faut donc veiller à préserver nos enfants de l’exposition précoce à l’alcool, comme l’exposition durant la vie intra-utérine.